lundi 9 mars 2009

A la mémoire de William...


Mes bien chers amis et famille,

Je reprend du retard dans mes histoires et je vais bientôt remédier à cela je le promet.

Aujourd'hui je voudrais par le biais de mon blog prendre quelques minutes pour rendre hommage à l'un de mes anciens collègues lorsque je faisais mon stage à Action Contre la Faim à New York il y a 2 ans, William LeSane, dont j'ai appris la disparition hier soir (bien qu'il nous ait quittés en novembre dernier déjà).

William, c'était ce grand black aux gestuelles et à la casquette yankee façon limite ghetto, et pourtant toujours si impeccable avec ses costumes et ses petites lunettes rectangulaires.
William, c'était l'office manager/réceptionniste du bureau, qui adorait écouter sa musique rap lorsqu'il n'avait pas à répondre au téléphone.
William, c'était la générosité et la joie de vivre incarnées.

Il n'était qu'un collègue, mais il était celui que j'appréciais le plus, avec qui je m'entendais le mieux lors de mon stage, et sa disparition me choque et m'attriste.
Je me suis aperçue que j'avais perdu un bon nombre de photos de mes 8 mois à NYC, dont des photos de soirées en compagnie de mes anciens collègues. De lui il ne me reste plus que 4 photos (sur plus 1000...). Pour la photographe obsessive que je suis, c'est triste, mais après tout, il me reste de nombreux souvenirs gravés à jamais dans ma tête et c'est çà le plus important.

Alors que je n'y repensais plus depuis longtemps, les souvenirs me reviennent en tête, j'ai l'impression que j'ai vécu tous ces moments hier et pourtant...
J'entend clairement son rire dans ma tête, je repense à toutes ces fois où je croyais qu'il voulait me dire quelque chose alors qu'il passait seulement dans la pièce en se parlant à lui-même ou en chantant; qu'est-ce que çà pouvait m'agacer parfois!
Il était la source de bonne humeur du bureau, il accueillait toute personne avec son plus large sourire, il était un exemple d'optimisme.

Depuis que j'ai quitté New York, je me suis toujours promis d'y retourner au plus vite. Comme a dit une amie de Bilbao: "There are New Yorkers born every day in the world" (des New Yorkais naissent tous les jours partout dans le monde) et moi aussi je me sens un peu New Yorkaise. Depuis que j'ai su que je ferais partie du master NOHA et que j'avais une possibilité d'aller cet été a New York, et jusqu'à ce que la réponse finale fût l'Afrique du Sud, je m'imaginais souvent retourner dans ma ville d'adoption et revoir tous les gens que j'avais connu là-bas. Et l'une des scènes que j'imaginais souvent était de rendre visite à mes anciens collègues par surprise. Je m'imaginais entrer à l'improviste dans le bureau et voir William à son bureau me reconnaître, le voir rire et me prendre dans ses bras etc., parce que c'était la première personne à voir les gens entrer bien sûr, mais aussi et surtout parce que c'était lui, tout simplement.
Je ne vais finalement pas à New York, une nouvelle aventure m'attend en Afrique du Sud, mais j'avais reporté ces retrouvailles à un jour prochain, après le master, à l'occasion d'un stage ou simplement de vacances.
Mais elles n'auront finalement jamais lieu, car parfois le "prochainement" est déjà trop tard...

Je voyage beaucoup et rencontre beaucoup de gens plus ou moins importants dans ma vie. Avec tous ces déménagements et ces rencontres, il est difficile de garder contact avec tous. On se dit toujours: "je lui écrirai plus tard, pas le temps cette semaine" ou bien "j'irais bien rendre visite à cette personne, ah mais j'ai pas trop le temps ces temps-ci, j'attend d'avoir de meilleures offres Ryanair...". Mais la vérité, c'est que les gens déménagent, les gens disparaissent. On se dit toujours qu'on a le temps, mais il arrive qu'on ne l'ait plus ce temps. La réalité, c'est que maintenant je n'ai plus de raison de garder son contact dans ma liste msn, car il ne se connectera définitivement plus.


Oui, ce n'était qu'un collègue, mais il reste une personne avec qui j'ai partagé une période de ma vie, avec qui j'ai partagé de bons moments et il va me manquer.

Je ne crois en aucune religion ni en l'existence d'un paradis, pourtant aujourd'hui cela me plait tout de même à penser que là où il est, il n'a plus à supporter la souffrance de cette tumeur qui l'a emporté à 39 ans, et il doit être heureux, fidèle à lui-même.