vendredi 17 juillet 2009

Grahamstown Festival

Photos d'Afrique du Sud disponibles sur picasa web! Suivez le lien dans le menu à droite!


Jeudi matin, lever 6h pour un petit road trip direction: Grahamstown, petite ville à 900km de Cape Town, à 1h30 de Port Elizabeth sur la côte indienne. Rendez-vous chez les filles à Sea Point à 7h30, en retard sur l'heure de départ prévue. Diana, Céline, Hilde et Laura dans la voiture de location, Nabeel, Lunga, Alaa, Nikki et moi dans la voiture de Nabeel, et c'est parti pour une longue journée de route. Musique à fond dans notre voiture surnommée la voiture cool (comparé à la voiture calme et "lame" des filles), courtes conversations via talkie walkie entre les deux voitures, magnifiques paysages montagneux et côtiers à gogo et grand soleil au menu de la journée.

Nous sommes arrivés vers 21h30 à destination, Three Oaks Farm, une ferme où nous allions loger le weekend, à 15km de Grahamstown, un logement trouvé via un gars rencontré à peine 5 minutes à la sortie d'un bar à Cape Town il a y quelques semaines.

Après une première soirée tranquille passée à la ferme à nous inventer un groupe de musique, nous sommes arrivés au festival vendredi en fin de matinée. Le festival de Grahamstown est un festival d'arts regroupant musique, danse et théâtre. Les salles de spectacles sont éparpillées dans toute la ville, il faut prendre ses tickets pour chaque spectacle à l'avance.
A 17h, 1er show, celui de Jonathan, un refugié Zimbabwéen que j'avais déjà rencontré à CT lors d'une conférence sur les réfugiés, faisant un one-man-show sur son expérience de réfugié, son passage de la frontière et ses déboires pour avoir des papiers, trouver un job etc. Touchant et raconté de manière drôle.

Après ce spectacle, Laura et moi avons pris un taxi vers les townships où avait lieu une représentation de danse à 20h, qui n'a finalement pas eu lieu, les danseurs n'étant pas venus (apparemment les shows des soirs précédents avaient dû être annulés car pas d'audience, et il semble qu'il n'y ait pas de coordination entre le ticket office et les gens qui font les spectacles, et donc les danseurs n'ont pas daigné venir... En même temps pour deux spectatrices, çà n'aurait pas vanu le coup, je les comprend un peu). Après avoir discuté avec l'équipe technique pendant une demi heure en attendant le taxi pour revenir en ville, nous avons assisté par hasard à un spectacle de danse de rue zulu superbe, et gratuit!
Puis à 22h Hilde, Laura et moi avons assisté à une pièce de théâtre "Done London", sur un groupe de Sudafricains et leurs expériences à Londres. C'était pas mal, mais parfois surjoué, et pas de réel fil conducteur et de fin. Après cela, nous nous sommes tous retrouvés (le reste du groupe avait été voir une pièce de "physical theatre" très nulle) pour aller boire des bières dans un bar.
Samedi début des festivités à 11h pour Laura, Diana et moi avec un concert du "Eastern Cape Indigenous Orchestra", un orchestre indigène comme indiqué, composé d'une grande majorité de femmes (seulement 3 hommes pour une trentaires de femmes voire plus) de tout âge, les grand-mères chantant et dansant à côté de leurs petites-filles. La première chanson m'a un peu fait peur concernant le reste du concert, car c'était lent et une mamie chantait, ou plutôt braillait d'une voix très grave et affreuse, et je me suis demandée si j'allais devoir endurer çà pendant 1h30, mais finalement çà allait, les rythmes alternaient entre dynamique et lent, et les chanteurs/chanteuses changeaient également.
Après le déjeuner, Diana et moi sommes allées voir une pièce de théâtre, "The Famished Road", qu'Hlde et Céline avaient vu la veille et nous avais largement conseillé. Nous n'avons pas été déçues, c'était magnifique! Cette pièce portait sur des croyances africaines, sur les "spirit children", et le personnage principal, un garçon de 8/9 ans (qui aurait apparemment 18 ans en réalité et serait atteint d'une maladie génétique),était incroyable.

Après cette pièce, nous avons rejoint Laura pour une autre pièce, de physical theatre cette fois, sur une mère et une fille forcées de fuir leur pays après que leur village ait été brûlé, et leur expérience en tant que réfugiées, en Afrique du Sud, le début d'une nouvelle vie, hantée par la disparition de la deuxième fille et soeur des personnages. Les premières minutes j'ai cru mourir, les deux actrices interprétant 3 personnages (l'actrice qui jouait la mère interprétait également la deuxième fille Séraphine), c'était surjoué et en français! Et puis une fois le problème posé (une fois le village attaqué et la partie dramatique enfin commencée), je suis rentrée totalement dans l'histoire, au point d'avoir les larmes aux yeux à un moment donné. C'était très poétique et touchant, et extrêmement bien joué.
Laura n'a pas aimé, sûrement car la majeure partie était en français et peu traduit (parfois les deux actrices narraient quelques phrases simultanément en français et en anglais, et la fin se déroulant en Afrique du Sud elles parlaient anglais mais sinon ce n'était pas traduit), sûrement pour poser le problème de l'aliénation, pour nous faire réfléchir. Bref, très belle pièce!
Nous avons ensuite rejoint le reste du groupe une petite heure à un café avant de se séparer à nouveau puisque Lunga et Nabeel allaient voir "The Famished Road" à 19h, et les 7 autres allions tous au concert de Busi Mhlongo, une chanteuse sudafricaine populaire dont le style de musique mixe musiques africaines traditionnelles à divers styles tels que jazz, funk, rock, gospel, reggae etc. La salle comble était en folie, les gens tous debout qui chantaient et dansaient à tout âge peu importe le sexe (un homme d'une cinquantaine d'années le rang devant moi dansait comme un malade, en même temps c'est çà la culture africaine en général!) bref c'était super!
Nous avons rejoint les garçons en ville pour diner, où j'ai d'ailleurs rapidement discuté avec le bel acteur de "Done London" de la veille, puis retour à la ferme dormir quelques heures avant de reprendre la route pour 14h de trajet le lendemain déjà...

Retour dimanche soir vers 22h, accueillis par les inondations et autres aqua-planning sur la route jusqu'à CT...

jeudi 2 juillet 2009

3 semaines après mon arrivée à Cape Town, je me réveille enfin dans mon nouveau chez moi! Eh oui hier j'ai enfin emmenagé après 2 semaines de recherches d'appart et 3 semaines de "squat" chez mes copines du Master qui louent une maison à Sea Point, un quartier situé au pied de la montagne Lion's Head, en bord de mer.
J'habite à présent plus en centre-ville, de l'autre côté de Lion's Head, dans le quartier de Gardens Tamboerskloof, dans une maison avec 4 autres colocs Cynthia, qui étudie "Fine Arts", Skye qui étudie la médecine chinoise, Dan qui fait je ne sais plus quoi et un autre que j'ai pas rencontré encore. Ma grande chambre est vide à part le matelas mais peu importe, je préfère vivre ici avec des gens supers sympas et me faire de nouveaux amis pour pas cher (je paye 180 euros par mois tout compris) plutôt dans des chambres tout fourni, plus chères et totalement impersonnelles avec pour coloc la propriétaire de la maison. Et puis je trouverai bien des meubles d'occasion pas chers pour meubler la chambre et pouvoir ranger mes affaires.

La vie à CT est de mieux en mieux. Certes il y a toujours ces avertissements de toutes sortes qui peuvent se matérialiser et nous faire retomber dans la réalité de ce pays (la semaine dernière Laura et Céline se sont faites "attaquées" par une bande de jeunes drogués qui ont volé le portable de Laura, car c'est tout ce que les filles avaient sur elles, un portable merdique et un paquet de cigarettes qu'ils n'ont même pas voulu... Diana et moi étions 5m devant et n'avons rien vu, il faut dire qu'il pleuvait donc on pressait le pas. Quelle chance que les victimes n'aient pas été Diana et moi, car contrairement aux filles, nous on avait des sacs avec pas mal de trucs dedans...).
A part cet incident, tout est calme. On connait mieux la ville, donc on s'y promène tranquillement, tout en gardant un oeil vigilant à toute heure, mais sans sombrer dans la paranoia. On est toujours prête à se faire attaquer, càd garder toujours 4 ou 5 euros dans une poche ou dans le porte-monnaie, le reste caché autre part, et on sort en général avec le strict minimum.
Malgré tous les conseils, ou plutôt déconseils, nous prenons le train entre CT et la fac (qui se trouve à Bellville, à l'extérieur) et aucun soucis jusqu'à présent, on suit quand même le conseil de prendre des tickets 1ère place, légèrement plus cher (mais prix dérisoire) mais en général il y a des agents de sécurité dans les wagons.

A part çà, la semaine dernière à la fac nos coordinateurs nous ont organisé un déjeuner pour rencontrer quelques étudiants qui font des mémoires aux sujets similaires. Nous avons donc rencontré un Sudafricain, 2 Kenyanes et un Erithréen super sympas. Depuis, nous voyons Nabeel, le sudafricain, régulièrement. Jeudi nous sommes sortis avec Nabeel, Ala (un Palestinien), Silas (Nigérian) et des amis de Nabeel au restaurant puis dans des bars du centre-ville sur Long Street. Vendredi soir rebelotte, Diana Nabeel, Lunga et moi sommes allés à un concert de hip-hop sur Long Street. Mardi soir, pour les 25 ans de Laura, nous sommes allés au restaurant de l'Alliance Francaise manger un bon cassoulet, puis en boite. Bref, ambiance vraiment super, on commence à rencontrer pas mal de gens, que ce soit dans les bars ou dans la rue etc. En boite, les gens viennent danser avec nous (et je ne parle pas que des dragueurs habituels) ou nous parler tranquillement, comme jeudi quand une fille est venue me parler pour m'annoncer le décès de Michael Jackson sur la piste de danse et son groupe est finalement resté danser avec nous, ou vendredi où vers la fin de la soirée le DJ a passé des chansons africaines dans le style Johnny Clegg et autour de moi s'est formé un cercle où les gens venaient danser chacun leur tour au milieu du cercle, et qu'une fille super sympa et parfaite danseuse insistait pour que je vienne aussi au milieu faire mon solo de danse lol! Je me suis réellement sentie en Afrique à ce moment-là, c'était magique.

Concernant la vie culturelle, il n'y a pas de quoi s'ennuyer ici, et c'est bien çà le problème, car c'est dur de se mettre à fond dans le mémoire, la raison principale de mon séjour ici je me dois de le rappeler... On est censés être en plein hiver, mais dès qu'il fait beau les températures montent entre 20 et 25 degrés, c'est dur de résister à la tentation d'explorer CT dans ces conditions (par contre quand il vente et pleut ca tombe plutôt entre 10 et 15°). A partir d'aujourd'hui et jusqu'au 19 juillet il y a un festival international de films documentaires au Waterfront, avec plein de films qui m'intéressent malheureusement... La semaine prochaine à Grahamstown, une ville à 900km sur la côte indienne, près de Port Elizabeth, se tient un festival très populaire d'arts (musique, théâtre, danse etc) donc on a décidé d'y monter 2/3 jours car c'est un "must do" en Afrique du Sud. On va peut-être louer une voiture, ou voir avec des amis (Nabeel monte en voiture et si un de ses amis en voiture y va aussi, on va sûrement s'arranger avec eux). On sait pas encore où on va loger, mais l'autre soir en sortant de boite on a rencontré furtivement un gars qui joue dans un groupe de hip-hop à Grahamstown et ses amis et lui peuvent peut-être nous héberger, faut qu'on l'appelle.

En ce qui concerne le mémoire, mon sujet s'affine, les recherches vont bon train, mais la lecture de tout ce que j'ai trouvé pour l'instant est lente et chaotique.
Mon sujet porte sur la question: pourquoi l'Afrique du Sud viole les droits des réfugiés sur son territoire, plus spécifiquement par rapport aux réfugiés zimbabwéens.
Très intéressant mais beaucoup à lire et pour l'instant les 2 seuls livres que j'ai lu ne sont pas spécialement utiles pour mon sujet (l'un décrit l'histoire de l'immigration en Afrique du sud, l'autre porte sur la situation du Zimbabwe entre 2000 et 2002 mais centré surtout sur la persécution des fermiers blancs et sur des histoires personnelles. Intéressant pour mon donner une idée du contexte mais pas forcément très utile pour l'écriture du mémoire).
Donc voilà, j'ai pas beaucoup avancé et le temps passe vite, déjà 3 semaines que je suis ici...