jeudi 24 février 2011

Résumé de la R.D.Congo et arrivée à Bangui, République Centrafricaine

Bonjour à tous!

Histoire de ne pas répéter les mêmes erreurs qu'en R.D.Congo (où, à part un premier email commun, je n'ai jamais plus donné de nouvelles sur ma première expérience humanitaire en 6 mois), je me remets de ce pas à la mise à jour de mon blog, laissé en suspend depuis l'Afrique du Sud en 2009. Mieux vaut tard que jamais n'est-ce pas?

Alors avant de m'étendre (ou pas) sur mes nouvelles tribulations centrafricaines (en même temps çà fait 2 jours, donc le paragraphe sera court), je vais faire un résumé de mon aventure congolaise, histoire de satisfaire toutes les personnes auxquelles je n'ai jamais écrit par manque de temps ou de bonne connexion internet.

Cette expérience en R.D.Congo, plus particulièrement au Sud Kivu, une des provinces de l'est dévastées par des années de guerre, et toujours le théatre de conflits entre forces armées dan certains territoires, a été forte en émotions et extrêmement enrichissante. Les deux premiers mois ont été assez durs, entre problèmes personnels, beaucoup de boulot et de fatigue, et une vie sociale inexistante (la combinaison gagnante...). Et puis à mon retour d'un petit break en France mi-octobre, un nouveau Bukavu s'offrait à moi! Un peu plus à l'aise dans mon travail, plus ouverte avec les collègues côté privé qui a donné lieu à quelques sorties les soirs et weekends, et qui a initié le début d'une expérience mémorable sur tous les plans!

Côté boulot, après des débuts flous sur mon rôle, ma position dans l'équipe, et sur mes connaissances de la mission pas encore pointues, j'ai commencé à être plus à l'aise dans ce que je faisais. Côté collègues, le seul avec qui j'avais des soucis a commencé à péter les plombs avec tous mes collègues et pas que moi, ce qui m'a vachement rassurée (j'avais bossé sur une proposition de projet avec lui et ca avait été un peu vite, et il me reprochait plein de choses sur ma façon de travailler, et ignorait mes propositions, me faisant sentir comme une débutante alors que c'était son projet et qu'il y connaissait beaucoup plus que moi sur la matière, alors que j'ai bossé pendant 6 mois sur des relectures de projet donc non, je n'étais pas incompétente et j'avais un regard extérieur... mais bon passons), d'ailleurs il a démissionné (avant qu'on le vire). Avec mes autres collègues je m'entendais super bien, notamment avec ma collègue Flore qui m'a fait découvrir quelques endroits et grâce à qui j'ai enfin pu sortir de ma chambre le weekend et rencontrer des gens! Enfin à partir de décembre, une chef de mission a enfin été recrutée, faisant de moi l'assistante d'une personne réelle... Bon il s'est avéré qu'elle avait beaucoup de défauts personnels et professionnels (sur lesquels je ne m'étendrai pas sur ce blog qui est public et en plus çà m'énerve de parler d'elle) et je suis assez contente de ne pas avoir été son assistante très longtemps (en plus je suis partie en vacances 3 semaines, puis elle était sur le terrain etc). Donc voilà, des hauts et des bas, mais j'ai appris beaucoup en 6 mois professionnellement.

A côté de çà, le personnel local était chaleureux et vraiment super, j'ai adoré travailler avec cette équipe, et d'ailleurs ils m'ont offert un ensemble haut/jupe en pagne, fait par une couturière, pour mon départ, j'étais vraiment émue du geste!!!

Côté social, comme je le disais donc, et grâce à ma collègue qui m'a sorti, j'ai découvert le Victoria, mon nouveau fief du vendredi soir (un resto/bar/boite tenu par deux beaux métisses à croquer tous deux appelés Christophe, le rendez vous des expats de Bukavu et seul endroit qui passe de la musique africaine comme des hits internationaux (Black Eyed Peas, Rihanna, Lady Gaga etc), donc çà fait du bien de danser sur des trucs connus, et surtout autre chose que la rumba!), et j'ai rencontré plein de gens extras travaillant pour d'autres ONG (mention spéciale pour l'équipe délirante de MSF-E avec qui j'ai passé de nombreux moments géniaux, dommage qu'aucun de nous ne s'en souvienne beaucoup... vive l'alcool de qualité douteuse du Victoria, et les shots de couleur différente chaque weekend!) avec qui je suis pas mal sortie boire des verres et danser les soirs et weekend, ce qui fait un bien fou après des grosses semaines de boulot, de stress etc.

Côté "incidents", rien d'énorme, mais bon entre l'employée qui se fait violenter par son mari en pleine fête d'arrivée et devant nous tous le 1er weekend, et la soirée de départ au Victoria le dernier weekend écourtée à 00h30 (au lieu de 6h du mat comme prévu) à cause de coups de feu tirés par des militaires bourrés se mêlant d'une bagarre, au sein du Victoria... J'ai eu des émotions fortes pour mon arrivée et mon départ!! Ah et j'oubliais aussi un gros accident évité de quelques millimètres un soir de décembre... Sensations garanties! Mais bon à côté de çà, c'était calme!

En gros, une belle expérience qui j'espère se réitèrera... Affaire à suivre...


En ce qui concerne la RCA maintenant:

Encore une arrivée forte en émotions (j'exagère à peine), avec la vue du cadavre d'un homme tué dans un accident de la route (çà venait d'arriver je penser et il avait dû être tué sur le coup, une foule était attroupée et pas encore le signe de la police ou ambulance, en tout cas nous sommes passés en voiture à 50cm du corps du malheureux).

Bon avant cela, je dois souligner la désorganisation impressionnante de l'aéroport de Bangui (c'était mieux à Bujumbura!): arrivée dans la salle et chacun remplit son formulaire d'arrivée pour la douane. Ok. Ensuite c'est le bazar pour faire la queue jusqu'aux douaniers dans leur "box". Une fois le tampon sur mon passeport, la jeune femme me dit qu'il faut que je retourne derrière voir les autres douaniers pour donner le reste du formulaire (???), donc je dois me frayer un chemin parmi les gens qui font tant bien que mal la queue vers les box (désolé c'est con mais je sais pas comment çà s'appelle en français) pour retourner en arrière et attendre mon tour pour remontrer mon passeport et donner le formulaire... Franchement, à quoi bon... Ce système restera un mystère je crois. Evidemment avec un sac à dos de 10kg et mon sac à main assez lourd aussi, c'était pénible et je me faisais bousculée de partout (les gens qui faisaient la queue pour les box de douaniers, ceux comme moi qui attendaient l'étape n°2 et ceux qui voulaient sortir vers les bagages, on était tous concentrés dans une petite salle, dans tous les sens, bref un beau bordel. Et puis je suis sortie dans l'autre salle, avec l'unique tapis à bagages de l'aéroport international de Bangui la Coquette, où tout le monde était aglutiné en attendant les valises, qui sont arrivées... au compte goutte... Je crois que j'ai mis 45 minutes pour avoir mes valises, et d'ailleurs si elles étaient arrivées plus tôt je n'aurais même pas pu les apercevoir sur les tapis tellement il y avait de monde autour du tapis... Bien sûr, je suis du genre à avoir du mal à bien raconter ce genre de situation et c'est dommage, mais il aurait fallu que je vous dessine la scène... Bref bref, çà c'était l'arrivée épique, suivie du passage de la douane pour les valises, avec la douanière qui me demande de l'argent, puis du chocolat sachant que je ne cédais pas, donc j'ai abandonné mes derniers m&ms afin de ne pas avoir à ouvrir et défaire ma valise de 23kg bourrée à bloc. Jens, le chef de mission, m'a accueillie à l'extérieur, çà faisait plaisir d'être accueillie par une tête connue (je l'avais rencontré quand il partait sur la mission quand j'étais encore au desk à Paris). Arrivée à la base et installation dans ma nouvelle chambre, plus petite et moins sympa que celle de Bukavu (en même, dur de rivaliser avec une chambre sous les toits avec vue sur le lac Kivu, avec un lit géantissime et une salle de bain privée...), et là, petite surprise: la moitié de mes affaires dans ma valise était trempés (à cause de la "pluie de mangues", c'est le nom de la petite saison pluvieuse avant la saison sèche)... Sympa!

Bref sinon que dire... On vit dans une petite maison/bureau, donc les sorties ne se font que pour les réunions, autant dire que je n'ai pas encore beaucoup vu Bangui. Il va falloir que je me trouve vite des amis pour sortir, sinon je vais vite étouffer... Car mes collègues ne sont apparemment pas des gens qui aiment sortir.

Les inconvénients de Bangui et de la maison par rapport à Bukavu: pas de lac (un fleuve, c'est déjà çà), petite maison et bureau sans jardin, partage de la salle de bain, le ruit des crapauds le soir au lieu du bruit des criquets, des collègues sympa mais sur lesquels je ne pourrai pas compter pour me faire sortir et me faire rencontrer des gens. Quelques avantages tout de même: une piscine (moyennant 5000CFA, soit un peu moins de 10 euros, la journée, qu'on y reste la journée ou 10min), une plus grande variété de resto, avec au choix, en plus de la bouffe française ou locale, chinois, libanais, sénégalais... Et niveau de la maison, de l'eau chaude (!!!!) et des robinets qui fonctionnent (même si le débit n'est pas grandiose, çà va être galère pour laver les cheveux, je crois que je préférais le système bassine pour çà...), un internet qui fonctionne plutôt bien et 24h/24, et et et... du fromage kiri et du beurre doux Président dans le frigoooooo (achetés via les courses ordinaires, et non par le fruit d'un expatrié frustré qui a payé ces aliments ultra chers, je tiens à préciser le pourquoi de mon excitation).

Concernant ma première journée de boulot, je l'ai partagé entre réunions avec mon chef et le log, à installer mon adresse email et recevoir mes premiers emails sur mon couveau compte outlook, lire des docs et participer à une réunion OCHA (l'office de coordination des affaires humanitaires) et rencontrer quelques personnes d'autres ONG ou de bailleurs qui financent nos projets. Demain et lundi de nouvelles réunions sont prévues avec Jens pour faire le tour des partenaires et me présenter, et dès mardi, c'est moi qui gère la coordination, le relationnel avec les bailleurs et autres partenaires sur Bangui, toute seule, et qui fais le suivi des éventuels financements qu'on espère obtenir... Je m'occupe également du reporting des projets terminés ou en cours, et le premier mois va être rempli surtout à monter de nouvelles propositions de projets. Car si en mars nous n'avons toujours aucune visibilité de nouveaux financements après juin, date de la fin de notre seul projet en cours, on devra plier bagages et clôturer toute la mission RCA... D'où l'importance de trouver rapidement de nouveaux financements, et donc la pression qui pèse sur moi...

Enfin bon, on verra comment tout cela se passe! Suite au prochain numéro donc..!